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Le "PénélopeGate" à la lumière de la Doctrine Sociale de l'Église (DSÉ)
Article de Thierry Jallas publié simultanément sur les blogues de Syndicatho et de l'AEC
L'affaire concernant le possible emploi fictif ou emploi trop rémunéré de Pénélope Fillon est le principal sujet de discussion de la campagne pour la présidentielle 2017, depuis 15 jours. Le principal argument à charge est qu'il s'agissait d'un emploi fictif (donc illégal) ou, au mieux, bien trop payé - avec de l'argent public - par rapport au travail effectué et donc, à ce titre immoral. Le principal argument à décharge est qu'il y avait un travail effectif et rien d'illégal. Déclarer ceci ou cela "immoral" suppose de se référer à "un ensemble de normes, de règles de conduite propres à une société donnée" (cf. dictionnaire Larousse). Quel éclairage la Doctrine Sociale de l'Église (DSÉ) , qui relève justement de la théologie morale, nous fournit-elle à propos de cette affaire ?
Le fait que de l'argent public soit détourné au profit d'intérêts particuliers, voici ce qui est considéré par beaucoup comme immoral.
Le principe personnaliste1, qui est le fondement de la DSÉ, nous aide à questionner la notion même d'argent public : qu'est-ce que de l'argent public, sinon de l'argent privé soustrait par la contrainte à ses propriétaires légitimes ? C'est le recours à cette contrainte qui constitue la non-conformité de la notion d'argent public au principe personnaliste et, partant, à la DSÉ, donc à la morale chrétienne. Ainsi, l'immoralité, invoquée par les adversaires de François Fillon, est-elle à nos yeux attachée aux moyens utilisés pour transformer de l'argent privé en argent public (contrainte, menace, mensonges, sophismes servant à justifier lesdits moyens,..), avant même d'être constituée par un éventuel détournement dudit argent.
L'emploi de Pénélope Fillon qui est remis en question, c'est principalement celui d'attachée parlementaire. Nous pouvons nous interroger sur la légitimé de la notion de parlementaire. Qu'est-ce qu'un député ? C'est censé être un représentant de l'ensemble des citoyens habitant dans sa circonscription, qui s'exprime en leur nom. Comment pourrait-il le faire, puisqu'il n'a pas les moyens de connaître l'opinion de ses mandataires sur chacun des sujets qu'il aura à traiter, et que les opinions des citoyens varient d'un citoyen à l'autre, quant elles ne sont pas diamétralement opposées ? Il nous apparaît donc que la démocratie "représentative" est un concept auquel la raison ne peut adhérer. Il nous semble, surtout, que c'est un concept contraire au droit naturel, au principe personnaliste et à la DSÉ. En effet, nous croyons que, parmi les droits naturels, figure le droit d'expression, et que celui-ci est un droit exclusif : personne n'a le droit de "m'exprimer", autrement dit se faire mon porte-parole, de s'exprimer en mon nom ("pousser dehors" ce qui m'habite : mes pensées, mes croyances, mes désirs, mes savoirs, mes idées, mes souhaits, mes motivations, etc.), sans mon libre consentement. Or, il existe un mécanisme découvert par l'homme, qui lui permet, gratuitement, spontanément, d'exprimer directement (sans besoin de recours à un représentant) tout ce qui l'habite : le libre marché, dont la DSÉ dit le plus grand bien.
Enfin, il nous faut remarquer que si François Fillon maintient sa candidature, malgré les attaques "d'une violence inouïe" dont il est l'objet, c'est, partiellement au moins, qu'il n'existe, dans son propre camp, aucun autre candidat susceptible de le suppléer pour défendre son projet. Cet état de fait surprenant (qu'on retrouve à gauche), cette absence de suppléant évident, s'explique, de notre point de vue, par le fait qu'aucun des prétendants potentiels (c'est à dire susceptibles de recueillir les 500 signatures) à la fonction de président de la république n'a adossé son programme à quelque doctrine que ce soit. À une exception près : celle de Jean-Frédéric Poisson, qui s'appuie ouvertement sur la DSÉ, mais se limite hélas, à nos yeux, à son volet "famille".
Si la Doctrine Sociale de l'Église était connue et appliquée en France, nous ne parlerions plus d'argent public, ni de son éventuel détournement. Nous ne parlerions plus de parlementaires et d'éventuel emploi fictif d'attaché parlementaire. Nous ne parlerions plus non plus du chômage, du déficit et du (controversé) monopole de la Sécurité Sociale, du quasi-monopole (et des résultats calamiteux) de l'Éducation Nationale, aucun premier ministre ne pourrait plus dire qu'il est à la tête d'un État "en faillite" ou que la question des retraites est susceptible de faire tomber deux ou trois gouvernements, la retraite de chacun serait garantie ; plus aucun voyageur ne serait otage de la RATP ou de la SNCF, il ne serait plus question de "médecine à deux vitesses" ou de déserts médicaux", on ne parlerait plus de politique d'immigration et la question de l'accueil des réfugiés ne se poserait plus qu'au niveau individuel. On ne parlerait plus non plus de politique du logement et personne ne dormirait plus dans la rue. Mais tout ceci fera l'objet d'articles à venir...
1 Synthèse du principe : "Toute personne humaine, de la conception à la mort naturelle, dispose d'une dignité incomparable et inconditionnelle. Cette dignité exige de l'homme qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mu et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure".
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