• Le libre marché

    Marché flottant. Crédit photo : brendan gogarty chez FreeImages

    Marché flottant. Crédit photo : brendan gogarty chez FreeImages

    Seul le libre marché respecte la liberté humaine ; seul celui-ci est donc conforme au décalogue, à l’Évangile[1] et à la DSÉ[2].

    Il nous semble fondamental de bien comprendre que le mécanisme du libre marché est le moyen essentiel par lequel se manifeste la providence divine (pour les chrétiens), dans la vie économique et sociale. La famille est une institution issue de ce marché libre, qui permet de satisfaire le plus efficacement possible les divers besoins (affectifs, économiques, sexuels, éducatifs, sociaux, spirituels, etc.) de ses membres. C’est la raison pour laquelle l’Église et l'État insistent, à juste titre (selon nous), pour que le mariage soit contracté librement et sans contrainte par les époux.

    Le respect du libre marché nous semble nécessaire pour que coulent «le lait et le miel ».

    Le mécanisme du marché libre est spontané et efficace : le prix du marché se fixe de façon naturelle de façon à permettre de maximiser les échanges et, donc, la production de biens et services[3]. Si l’État intervient pour enrayer ce mécanisme, par exemple en fixant un prix maximum ou minimum, en réglementant pour interdire ou contraindre, en instituant un prélèvement obligatoire sur les transactions, cela décourage immédiatement l’offre et/ou la demande, cela fait diminuer les quantités échangées et la richesse créée. Il n’y pas à chercher plus loin l’explication du chômage, notamment, ou celle de la prolifération des SDF.

    Il faut bien comprendre l’importance du rôle fondamental joué par les prix sur un marché. Les prix sont un support d’information gratuit, spontané et indispensable.
    Lorsqu’ils montent, ils font savoir aux consommateurs que leur demande a de plus en plus de mal à être satisfaite par l’offre. Cela les incite à réduire leur consommation du bien ou du service concerné, ou de lui trouver un substitut moins cher. Cela incite, parallèlement, les producteurs à augmenter leur capacité de production, à réduire leurs coûts de production, à imaginer des moyens alternatifs pour satisfaire la demande. Ce changement de comportement des consommateurs et des producteurs doit normalement aboutir, à plus ou moins long terme, à un retournement des prix, qui devraient repartir à la baisse.
    La baisse des prix entraîne normalement, toutes choses étant égales par ailleurs, les phénomènes inverses : augmentation de la demande, réduction des capacités de production, éventuel retournement des prix qui repartiraient à la hausse.
    Toutefois, la tendance naturelle des prix, dans un marché libre, est la baisse, à cause de la concurrence et des progrès accomplis en termes de productivité. Le phénomène de l’inflation (des prix) est contre nature ; il résulte de l’inflation (de la masse monétaire et des entraves au libre marché que sont la réglementation et la fiscalité), imputables aux États.

    Lorsque l’État intervient sur les prix, notamment en les plafonnant (comme pour les loyers), en leur fixant un plancher (comme pour les salaires), il dérègle le mécanisme décrit ci-dessus, et c’est la catastrophe ! Les modifications de comportement qui seraient nécessaires, de la part des acteurs du marché, ne se produisent pas. La distorsion entre le niveau de la demande et celui de l’offre ne disparaît pas, elle peut même s’amplifier. C’est ce que l’on peut constater, notamment, sur le marché de l’emploi.

    La DSÉ fait l’éloge du marché libre[4]. L’État intervient sur presque tous les marchés et les dérègle.

    Un marché vraiment libre aurait rendu inutile la consultation nationale proposée par M. Macron, dans le cadre de la crise des Gilets-Jaunes : ce mécanisme gratuit permet à chacun de faire connaître ses souhaits personnels, ses préférences, et de les voir satisfaits !

    Si le marché de l’assurance vieillesse était libre, il n’y aurait pas de grèves déclenchées par un projet de réforme des retraites.
    Si le marché du transport de voyageurs par train était libre, la France ne serait pas bloquée à tout bout de champ par la SNCF ou la RATP.
    Si le marché des carburants était libre, il n’y aurait pas eu de crise des Gilets-Jaunes.
    Si le marché de la monnaie était libre, celle-ci ne perdrait pas régulièrement de sa valeur du fait de l’inflation et de l’apparition récente des taux d’intérêt négatifs.

    Il n’y a pas meilleur outil de solidarité qu’un marché vraiment libre, que le libre-échange : un fournisseur et son client sont très attachés l’un à l’autre, sans recours à la contrainte. L’État et les monopoles qu’il attribue sont les seuls prestataires à utiliser la coercition. La prétendue solidarité imposée par l’État, parce qu’elle n’est pas libre, ne correspond pas à celle défendue par la DSÉ. L’État a perverti le mot « solidarité » comme il a perverti le mot « mariage » et bien d’autres.

    Si nous voulons êtres solidaires de ceux qui ont faim, de ceux qui n’ont pas de domicile fixe, pas d’emploi, qui sont persécutés dans leur pays d’origine, le meilleur moyen d’y parvenir est le libre marché. Il n’existe aucun domaine de l’activité humaine où le marché libre puisse être moins efficace qu’un marché entravé par le pouvoir politique. Contrairement au travail des associations caritatives, le libre marché est durablement efficace : c’est une solution à long terme et non pas un pis-aller provisoire.

    Les hommes ont progressivement découvert que la division du travail, par laquelle chacun se spécialise dans une production donnée, est beaucoup plus efficace que l’autosubsistance. En plus de son efficacité économique, la division du travail présente un avantage social important : elle nécessite le développement des échanges économiques et pousse les hommes à entrer en relation les uns avec les autres, à être solidaires entre eux, à prendre en conscience qu’ils ont besoin les uns des autres. C’est d’ailleurs l’idée qui a conduit les fondateurs de « l’Europe » à mettre en place un « marché commun » pour pacifier les relations entre des peuples autrefois ennemis.

    Le hic, c’est que si les échanges sont entravés, la production de richesse l’est tout autant : si je ne peux échanger ma production contre une autre, alors produire de la richesse ne me sert à rien. Plus mes échanges seront entravés, moins je produirai !

    Or l’État est passé maître dans l’art d’entraver les échanges, que ce soit par des taxes (comme la TVA) ou des réglementations. Cette entrave conduit mécaniquement à une diminution de la richesse produite.



    [1] « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mon bien ? », Mt 20,15

    [2] « Il existe de bonnes raisons d'estimer qu'en de nombreuses circonstances « le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins » (Comp. 347 ; Centesimus annus 34).

    [3] Depuis que les hommes se sont rendu compte qu’il est plus efficace que chacun se spécialise dans une production, puis échange celle-ci avec des biens et services produits par d’autres, ils ne produisent de la richesse que dans la limite de leur capacité à échanger ou consommer eux-mêmes ladite richesse. Toute entrave à l’échange, par intervention de l’État, est, indirectement, une entrave à la production de richesse.

    [4] « La doctrine sociale de l'Église considère positivement les avantages sûrs qu'offrent les mécanismes du marché libre, aussi bien pour une meilleure utilisation des ressources que pour la facilitation de l'échange des produits; « surtout, ils [les mécanismes] placent au centre la volonté et les préférences de la personne, qui, dans un contrat, rencontrent celles d'une autre personne » (Comp. 347 ; Centesimus annus 40).